Hier a eu lieu la cérémonie des BET Awards, des prix créés en 2001 par la chaîne Black Entertainment Television afin de récompenser les Afro-Américains et autres minorités dans divers domaines du divertissement.

Jesse Williams a reçu le prix de l’Humanitaire de l’année pour ses activités en faveur de la communauté afro-américaine, notamment en matière de lutte pour les droits civiques, et pour son implication dans le mouvement "Black Lives Matter" (la vie des Noirs compte).

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Après avoir remercié ses parents et son épouse, qui étaient présents, il a délivré un discours puissant et émouvant qui lui a valu une standing ovation de la part du public. Plus tard dans la cérémonie, l’acteur Samuel L. Jackson a salué le discours de son confrère. "Le discours de Jesse ressemble à ceux des activistes des années ‘60. Ce frère a raison, et il parle vrai."

Vous trouverez la traduction de ce discours dans la seconde partie de l’article.

"Merci, Debra. Merci, BET. Merci, Nate Parker, Harry et Debbie Allen pour participer à cette cérémonie . Avant de commencer, je veux dire que j’ai amené mes parents ce soir. Je veux les remercier d’être là, de m’avoir appris à me focaliser sur la compréhension plutôt que sur la carrière, et de s’assurer que j’apprenne ce que les écoles ont peur de nous apprendre. Et merci aussi à mon incroyable épouse pour avoir changé ma vie.

Ce prix, ce n'est pas pour moi. C’est pour les vrais militants dans tout le pays. Les activistes, les avocats des droits civils, les parents en difficulté, les familles, les enseignants, les étudiants, qui se rendent compte qu'un système construit pour nous diviser, pour nous appauvrir et pour nous détruire ne peut pas tenir si nous résistons. C’est quasiment une règle mathématique de base, plus nous apprenons qui nous sommes et comment nous en sommes arrivés là, plus nous nous mobiliserons. Maintenant, ce prix est aussi tout particulièrement pour les femmes noires qui passent leur vie entière à élever et à prendre soin de leurs proches avant elles-mêmes. Nous pouvons et nous allons faire mieux pour vous.

Nous avons regardé les données statistiques et nous savons que curieusement, la police réussit à calmer, à désarmer et à ne pas tuer des blancs tous les jours. Alors ce qui va se passer, c’est que nous allons avoir les mêmes droits et une justice dans notre propre pays ou bien nous allons restructurer leur fonction et les nôtres.

Hier, ça aurait été le 14^e anniversaire du jeune Tamir Rice, donc je ne veux plus entendre parler des progrès que nous avons faits lorsque des fonctionnaires payés par l'Etat peuvent tirer des coups de feu depuis une voiture sur un gamin de 12 ans qui joue seul dans un parc en plein jour, le tuant à la télévision, et rentrant ensuite chez eux pour se faire un sandwich. Dites à Rekia Boyd comme c’est tellement mieux de vivre en 2012 plutôt qu'en 1612 ou en 1712. Dites-le à Eric Garner. Dites-le à Sandra Bland. Dites-le à Darrien Hunt.

Le truc, c’est que tous ici, nous gagnons de l'argent, mais ça ne va pas arrêter ce qui se passe. Nous consacrons nos vies à faire de l'argent juste pour le redonner afin de porter des vêtements de marque sur notre corps, alors que nous avons passé des siècles à prier avec de vraies marques sur notre corps et maintenant nous prions pour être payés afin de porter des marques sur notre corps.

Il n'y a pas de guerre que nous n'ayons pas faite et où nous ne sommes pas morts en première ligne. Il n'y a eu aucun travail que nous n’ayons pas fait, il n'y a eu aucune taxe qu'ils ne nous ont pas prélevée, et nous les avons toutes payées. Mais curieusement, la liberté est toujours conditionnelle ici, "Vous êtes libre", continuent-ils à nous dire, "Mais elle serait vivante si elle n'avait pas été aussi... libre".

La liberté vient toujours dans l'au-delà, mais, vous savez quoi ? L’au-delà est une arnaque. Nous voulons la liberté maintenant. Et mettons deux ou trois choses au clair, juste une petite parenthèse, la charge du brutalisé n’est pas de réconforter le passant. Ce n’est pas notre job, arrêtons avec tout cela. Si vous voulez critiquer la résistance, notre résistance, alors il vaut mieux avoir un dossier constitué sur la critique de notre oppression. Si vous n’avez aucun intérêt pour l'égalité des droits pour les noirs, alors ne faites pas de suggestions à ceux qui en ont. Asseyez-vous.

On a fait fonctionner ce pays sans contrepartie pendant des siècles, et on en a assez de regarder et d’attendre pendant que cette invention appelée blancheur use et abuse de nous, ensevelissant les Noirs loin des yeux, loin du cœur, tout en extrayant notre culture, nos dollars, nos spectacles comme si c’était du pétrole, l'or noir. En nous mettant dans des ghettos et en dénigrant nos créations pour ensuite les voler, en embourgeoisant notre génie, puis en nous essayant comme des costumes avant de jeter nos corps comme des pelures de fruits étranges. Le fait est que, simplement parce que nous sommes magiques, ça ne signifie pas que nous ne sommes pas réels. Merci."