Shonda Rhimes est une femme vraiment très occupée. Non seulement elle produit deux séries - Grey's Anatomy et Private Practice – mais aussi sa nouvelle série politique, Scandal, qui va faire ses débuts le mois prochain, et elle développe une série historique pour ABC (ndlr : Gilded Lilys). Et alors qu’il y a des spéculations sur le fait que sa charge de travail pourrait être allégée si Grey’s ou Private n’était pas renouvelé, elle assure que ce n’est pas probable. Elle a discuté de tout cela avec Natalie Abrams de TV Guide.

Vous avez deux séries à l’antenne avec une troisième qui va démarrer le mois prochain, et une quatrième en développement. A quoi ressemble une journée typique pour vous ?
Chargée, mais assez curieusement, avec Grey’s en saison 8, Private en saison 5, et Scandal dont la première saison est finie, j’ai l’impression que je connais mon travail assez bien pour espérer que ce ne soit pas trop épuisant. C’est mentalement épuisant, mais d’une certaine manière j’ai l’impression que j’ai finalement compris et trouvé le rythme pour que tout marche comme ça doit marcher.

Au début de cette année de production de Grey’s, il y avait quelques incertitudes quant aux acteurs qui continueraient. Quel effet cela fait de se lancer dans ce qui pourrait avoir été la dernière saison de Grey’s Anatomy ou bien n’avez-vous-même pas pensé à cela ?
Non, la chaine ne m’a pas permis d’y penser comme si c’était la dernière saison de Grey’s Anatomy. Ce n'était pas même un souci pour moi. Je sais que Grey’s va vivre au-delà de cette saison. Alors que j’en ai l’impression ou pas, ça aura lieu.

La saison suivante sera-t-elle similaire à ce que nous avons vu dans les huit dernières années ou bien prévoyez-vous des changements majeurs ?
Honnêtement, je ne sais vraiment pas. Je me suis engagée à rester dans la série aussi longtemps que ça semblera intéressant. J’ai quelques idées intéressantes.

Était-ce difficile d’écrire des épisodes sans savoir qui pourrait ou ne pourrait pas revenir ? Ou bien avez-vous avancé comme vous l’auriez fait durant une saison normale ?
Non, nous n’avons certainement pas abordé cette saison comme j’aborde une saison normale. Mais j’aime le défi et cela a été une des choses qui a toujours été amusante dans la conception de cette série, essayer de comprendre quel va être le prochain challenge chaque saison. Cette saison, le challenge, c’était que nous ne savions pas comment la saison allait se terminer. Donc d’une certaine manière, cela nous a obligés à être créatifs d’une façon différente. Vous voulez continuer à vous renouveler après huit ans et nous avons été capables de le faire parce que nous avons dû faire face à ce nouveau problème.

Le problème le plus important est, de toute évidence, Ellen Pompeo et Patrick Dempsey. Avez-vous un plan de secours au cas où ils décideraient de ne pas revenir ?
Je ne peux même pas commencer à envisager ce concept.

Il y a beaucoup de moments importants qui arrivent, des choses que les fans ont attendues depuis longtemps. D’abord la maison MerDer. Combien de temps avez-vous attendu le moment où ça serait finalement terminé ?
Je ne sais pas si c’est pour moi un moment aussi important que ça ne s’est avéré être pour les fans. Il y a eu tant de fois où nous nous sommes dits, "Oh, on devrait terminer cette maison". Et il nous semblait que nous ne voulions pas perdre de temps à nous occuper de l’histoire de la maison. Il y a eu quelques moments où ça ne semblait pas adéquat. Ça semble adéquat de nous en occuper, d’en parler et de le terminer à la fin de la saison 8, quand Meredith obtient son diplôme de résident.

Parlons des internes originaux qui sont dans leur dernière année de résidence. Leur transition sera-t-elle une partie importante des derniers épisodes ?
Oui, vraiment, et nous l’avions senti dans la salle des scénaristes. Quand nous lisons les scénarii, il y a un fort sentiment de nostalgie parce que c’est vraiment la fin d’une époque pour ces personnages et c’est une étape importante pour nous. Ils finissent leur résidence, ils vont être titulaires. Je suppose qu’on pourrait les garder résidents pour toujours mais ça ne nous semblait pas convenir pour ce que nous voulions faire.

L’épisode sur la réalité alternative était une bonne façon de rappeler beaucoup de ces moments des saisons passées.
Oui je pense qu’il y a un peu de ça. Il y a ces gens qui bouclent la boucle et c’est vraiment le moment de les regarder, de voir comme ils ont grandi et comment ils ont changé par rapport à ceux qu’ils étaient quand nous les avons rencontrés pour la première fois ?

Tout le monde ne peut pas avoir une fin heureuse. Pourquoi avez-vous choisi Cristina et Owen pour être le couple qui vit les périodes les plus dures ?
Votre question est intéressante. Je crois que je n’ai pas vu ça de cette manière. Je n’ai pas essayé de faire vivre à Cristina et Owen des périodes sombres parce que tout le monde ne peut pas avoir une fin heureuse. Je regarde vraiment les personnages et je pense, "Quel est leur parcours ? Que doivent-ils encore apprendre ? Quels combats doivent-ils encore livrer ?" J’essaie de les voir comme des personnes et il me semble que Cristina a toujours beaucoup de problèmes irrésolus. Et le plus important, c’est qu’elle est amoureuse d’une personne qui a des problèmes irrésolus avec elle aussi. Mais, pour moi, Cristina est une chirurgienne extrêmement douée avant tout autre chose. Bien qu’elle ait évolué et grandi dans beaucoup de domaines, c’est toujours ce qu’elle est et elle espère à fond et elle croit que, si Owen est amoureux d’elle, il doit être amoureux d’une chirurgienne extrêmement douée avant tout et faire avec tout ce que ça comporte.

Vous avez vraiment pris le public aux tripes avec eux, quelquefois cette saison.
Oui,je sais et je n’ai vraiment pas essayé de le faire. Sincèrement, il ne s’agit pas de jouer avec le public. Il s’agit vraiment du parcours de ces personnages et comment le faire de façon honnête. Sandra et Kevin ont été vraiment impliqués et nous avons passé beaucoup de temps ensemble à parler de toutes ces choses. On a de grandes discussions sur ce que nous allons faire, parce que nous sentons tous vraiment passionnément qu’ils peuvent parvenir à un accord. Après huit saisons, avoir des acteurs qui ne font pas les choses machinalement, c’est la chose la plus excitante au monde.

Il y a eu une discussion sur le passé de Derek, Addison et Mark à la fac de médecine. Envisageriez-vous de visiter cela dans un flashback, comme vous l’aviez fait pour l’épisode flashback Ellis-Richard ?
Peut-être. Probablement. Nous en avons vraiment parlé. Franchement, le plus grand problème avec ça, ce n’est pas de trouver une jeune Addison ou un jeune Mark, bien que ce soit difficile, c’est de trouver un jeune Derek. Trouver un jeune Derek est, pour moi, une des choses les plus difficiles au monde. Alors ce projet semble difficile à réaliser.

Qu’est-ce qui vous a poussée à faire des épisodes comme le musical ou la réalité alternative ? Et pensez-vous déjà à ce que vous voulez faire après ?
Je ne crois pas que nous avons pensé à cela comme si on s’était dit, "Oh nous voulons faire un épisode musical !". L’épisode musical est né parce que nous nous sommes dits "Quel est le prochain défi" et aussi "Quel est le meilleur moyen de raconter cette histoire particulière ?". Ces choses viennent parce qu’elles nous semblent naturelles, donc il n’y a aucun plan sur ce que nous allons faire par la suite.

La première de Scandal ce jeudi soir doit vous paraitre douce amère, j’en suis sûre, parce que cela a poussé la programmation de Private Practice au mardi. Qu’en avez-vous pensé ?
C’était difficile. C’est un moment intéressant pour moi parce que, suis-je énervée que Private Practice ait perdu sa case horaire ? Sacrément. Suis-je excitée que la chaine semble croire que Grey’s Anatomy est toujours une série assez forte pour lancer une nouvelle série ? Absolument, c’est merveilleux. Et suis-je contente que, si nous lançons une nouvelle série, ils vont la mettre dans ce qu’ils considèrent comme la tranche horaire la plus forte ? Oui, je suis très excitée pour Scandal. Mais je porte là trois chapeaux différents et il y a beaucoup de… Disons qu’il y a eu des discussions animées sur ce choix. Je ressens beaucoup de choses pour Private Practice et j’ai vraiment l’impression que cette série a fait son travail pour la chaine pendant un temps vraiment long et je devrais espérer que nous puissions continuer à faire ce travail.

J’ai posé la même question à Ellen Pompeo, Kate Walsh et Kerry Washington : que faut-il avoir pour être l’héroïne principale d’une série de Shonda Rhimes ? Toutes les trois m’ont fait la même réponse : vous devriez le demander à Shonda. Donc je vous pose la question.
Trouver les acteurs est un processus très intéressant. J’ai l’impression que je ne peux pas vous dire ce qu’il en est d’une personne en particulier ou pourquoi. Je le sais quand je le vois. En général, pour moi, je recherche des femmes et des hommes qui déclenchent mon imagination, qui me font penser, "Oh je suis impatiente de raconter cette histoire avec eux", ou bien "Ils sont suffisamment souples pour faire toutes ces choses". Voila ce qu’il en est vraiment. J’aime travailler avec des femmes que j’apprécie. J’ai appris que faire une série télévisée, c’est comme un très long mariage. J’aime que les personnes avec lesquelles je travaille soient des personnes que j’apprécie et donc, vous engagez des personnes qui sont aussi enthousiastes que vous.

Y a-t-il une chose que vous ne feriez jamais dans une de vos séries ?
Je ne peux certainement pas me coincer avec une règle comme ça parce que j’ai toujours dit que je ne permettrais jamais à Meredith de vouloir un enfant jusqu’à ce que j’ai compris comment permettre à Meredith de vouloir un enfant. Alors ça m’est impossible de dire qu’il y a quelque chose que je ne ferais jamais.

Y a-t-il quelque chose que vous ayez fait dans une de vos séries et que vous changeriez si vous pouviez revenir en arrière ?
Non, et la seule raison pour laquelle je dis ça, c’est parce que vous devez vivre sans regrets. Source