• Patrick Dempsey

    Avec la controverse qui entoure le cycliste Lance Armstrong, convaincu de s’être dopé durant une bonne partie de sa carrière, il est tentant de remettre en question tout ce qui le concerne, et notamment son association LiveStrong. Mais il est bon de se souvenir que le cyclisme a un réel pouvoir au-delà de tous les scandales. C’est ce que Patrick a voulu mettre en avant dans l’interview qui suit. Quatre années de Challenge lui ont permis de vérifier que le cyclisme avait la capacité de donner aux patients les moyens pour qu'ils se sentent responsable, de pousser les communautés à faire le bien et de récolter des fonds qui peuvent influer un changement.

    Parlez-moi un peu du Dempsey Challenge.
    Nous avons démarré le Dempsey Challenge il y a quatre ans afin de récolter des fonds pour le Dempsey Center for Cancer Hope and Healing. Nous avons récolté plus d’un million de dollars pour le centre chaque année, et cette année nous aurons plus de 3.500 participants sur les trois jours que dure l’évènement (du 12 au 14 octobre). Je dirais que 99% des participants ont un lien personnel avec une personne qui a le cancer, soit ils sont malades eux-mêmes ou bien ils ont un membre de leur famille ou un ami qui lutte contre cette maladie. Cela vous fait réaliser à quel point celle-ci est omniprésente.

    Pourquoi une promenade en vélo ?
    J’ai choisi le vélo parce que j’adore le cyclisme. J’aime la vitesse, le son, et le rythme. On a eu le sentiment qu’un évènement cycliste était non seulement un très bon moyen de récolter des fonds mais, ce qui est plus important, une façon géniale d’amener les gens à être actifs. Le Dempsey Center est axé sur l’amélioration de la vie des personnes atteintes par le cancer mais aussi de leur famille, amis et communautés. Amener les gens à sortir et à rouler à vélo leur donne une meilleure chance d’avoir une meilleure qualité de vie. Au bout du compte, nous essayons d’inciter les gens à mener une vie saine et active.

    Comment en êtes-vous arrivé à tout cela ?
    On a diagnostiqué un cancer des ovaires à ma mère, au printemps 1998. Lorsque nous avons commencé à réfléchir à ses soins, j'ai demandé au sein de sa communauté à Lewiston, dans le Maine, s'il y avait quelque part des services de soutien offerts aux patients atteints de cancer. La réponse a été non, mais la communauté était ouverte à l'idée et la soutenait. Donc nous avons fondé le centre il y a quatre ans. Nous avons un personnel à temps plein de 15 à 20 personnes, et le centre apporte un soutien à 200, 300 patients chaque année. Nous mettons l'accent sur le soutien et les soins, avec des traitements comme l'acupuncture, le massage, les soins Reiki, la formation diététique afin que les gens mangent bien, et aussi un soutien pratique, par exemple, aider les patients à savoir à quelles subventions ils ont droit.

    Comment va votre mère maintenant ?
    Elle a subi plusieurs attaques du cancer depuis 2008. C'est une tumeur à croissance lente qui revient sans cesse. Mais c'est une femme résistante et elle continuera à se battre. Elle est aussi bénévole au Dempsey Center. Je pense que le succès du centre est dû à des bénévoles comme elle, qui ont vécu ou vivent le cancer. Lorsque de nouveaux patients et leurs familles commencent leur lutte contre la maladie, c’est bien pour eux d’avoir les moyens de savoir que d'autres ont vécu ça avant eux et d'être soutenus par des gens ayant de l'expérience et des conseils pratiques.

    Il y a beaucoup de courses cyclistes dont les bénéfices servent à lutter contre le cancer. Pourquoi un tel lien entre le cyclisme et la maladie ?
    Le cyclisme est une bonne métaphore de la lutte contre le cancer. Si vous regardez une équipe cycliste, chacun a un rôle et ils essaient tous de soutenir un leader à atteindre son but. C’est la même chose avec le cancer. La patient est le leader qui est là pour gagner, mais il n’y arrive pas toujours sans un bon système de soutien, autant de la part de bons médecins et du personnel médical que des familles et communautés. Comme les domestiques dans le cyclisme, qui font sans arrêt des allers retours vers les voitures pour ramener des bouteilles et de la nourriture à leurs leaders, le personnel soignant a son rôle à jouer et il fait toute la différence dans la victoire de leur leader.

    C’est difficile de parler de cyclisme et de cancer sans mentionner Lance Armstrong et LiveStrong. Quel est votre avis sur tout ce qui se passe pour le moment ?
    Je suis en train de lire The Secret Race pour le moment, et c’est à la fois fascinant et malheureux. Il y a certainement une génération de cyclistes qui n'auraient pu survivre ou exceller sans faire quelque chose. Mais le livre fait apparaitre clairement que le dopage a une longue histoire dans le sport, dès le début même du Tour de France. Ce n'est pas une justification. C'est toujours une situation très regrettable. En ce qui concerne Lance, je pense qu'il est important de se rappeler ce qu'il a fait pour le sport, en particulier ici aux Etats-Unis. Ça a été très profond. Et en dehors de tout l'aspect sportif de cette histoire, le groupe LiveStrong fait beaucoup de bien. La situation de Lance est certainement un revers à ce stade, mais j'espère que les gens peuvent faire la différence entre les scandales et ce qui est bien.

    Cependant, pensez-vous à renoncer au Challenge à cause de la stigmatisation de Lance ?
    Non, jamais. J’adore toujours le cyclisme. Même dans les huit ou dix dernières années, quand il a été criblé de scandales, ça reste un sport épatant. Il y a des athlètes incroyables qui sont courageux. Et au niveau le plus élémentaire, j’adore simplement la liberté qu’apporte le cyclisme. Vous sortez, vous roulez à vélo et, au bout du compte, vous vous sentez bien. En outre, notre évènement est différent de LiveStrong. Avec le Dempsey Challenge, il s’agit de faire sortir les gens en vélo et d’établir des contacts avec eux. Quand vous écoutez les histoires des gens qui ont combattu ou qui combattent la maladie, ça vous émeut. Dans le Challenge, il s’agit de dialogue et de soutien. Et pour beaucoup de personnes ayant survécu au cancer, il y a le défi de s’entrainer pour un évènement comme celui-ci et après, y participer peut être une partie saine du processus de deuil. Source

    Toujours dans le cadre du Dempsey Challenge. Environ 40 cyclistes arrivent presque au terme d’un voyage d’un peu plus de 4.000km qui les aura emmenés du Canada jusque dans le Maine. Partis de Calgary le mercredi 3 octobre, ils prévoient d’arriver ce vendredi à Lewiston. Ils auront roulé par peloton de cinq ou six, se relayant pour rouler 24h sur 24, pendant dix jours sous la neige et par des températures en-dessous de zéro, à travers les montagnes. Chaque participant a dédié son voyage à un combattant du cancer (un personne qui s’est battu ou qui se bat encore contre la maladie).Tous ensemble, ils participeront au Dempsey Challenge.

    Ce voyage a été filmé pour donner naissance à un documentaire, intitulé The Peloton Project, qui sera produit par Patrick Dempsey. "Je suis vraiment excité de faire partie de quelque chose qui est si chère à mon cœur : la lutte contre le cancer et le cyclisme. The Peloton Project partagera une histoire très importante avec le monde." Source


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :