• Sandra Oh

    Sandra Oh qui, la plupart du temps, évite la presse, a donné une très longue interview au site EDGE. Je ne vous en ai traduit que les principaux passages, et bien entendu, tout ce qui avait trait à Grey’s Anatomy.

    Cette entretien ne contient aucun spoilers sur la prochaine saison.

     

    Tous les jeudis soirs, aux Etats-Unis, la vie s’arrête purement et simplement pour dix à vingt millions de téléspectateurs, lorsqu’ils regardent le tout nouvel épisode de Grey’s Anatomy. Sandra Oh est une des principales raisons pour laquelle ils le font. Dans le rôle du Dr Cristina Yang, elle donne la réplique à l’héroïne de la série, le Dr Meredith Grey, interprétée par Ellen Pompeo. Elles sont à la tête d’acteurs qui sont devenus une seconde famille pour les fans, depuis la première diffusion de la série, il y a sept saisons.

    Comment vous a-t-on dit que Grey’s Anatomy était une série dramatique médicale d’un genre différent ?
    Cela n’a jamais été dit ou exprimé de façon formelle. Les scénaristes et Shonda Rhimes ont trouvé une façon de raconter une histoire qui a fonctionné tout simplement. C’est en gros une storyline classique. Il y a cinq actes, chaque personne a un problème médical et souvent, ces problèmes médicaux reflètent ce qui se passe pour les personnages. Je dirai, par exemple, à la minute 47 vous allez pleurer. Il y a quelque chose dans notre série qui fait pleurer les gens. Ils ont beaucoup de soulagement en regardant notre série. Une des choses que celle-ci réussit d’une façon stylistiquement différente à toutes les autres séries, c’est sa capacité à faire de la comédie et du drame au même moment, dans une scène ou dans un épisode. Je trouve ça vraiment habile.

    Comme quand le personnage de Katherine Heigl, Izzie, perd son mari, nous la voyons cuisiner de grandes quantités de muffins.
    Oui. La façon dont Izzie gère son deuil est en cuisinant encore et encore. Intrinsèquement, vous avez beaucoup de comédie là dedans. Vous maintenez la comédie, comédie, comédie, et alors, vous l’arrêtez pour la douloureuse vérité. Il y a toujours eu ce bon mélange.

    Quels aspects du personnage de Cristina Yang sont différents des vôtres d’un point de vue personnel ?
    Cristina Yang n’est pas aussi intelligente d’un point de vue émotionnel que je pense l’être. Elle est émotionnellement handicapée et asociale. Je considère que je ne suis ni l’un ni l’autre. C’est la raison pour laquelle je voulais tellement l’interpréter. Maintenant, suite à son amitié avec Meredith, Cristina a changé. Mais durant les trois premières années, elle était extrêmement froide d’un point de vue émotionnel. Elle a très peu de compassion ou de compréhension pour les dynamiques entre les personnes. Je trouvais que c’était très intéressant à jouer. Mon personnage était tellement réservé dans sa tête. Mais j’ai senti qu’elle a toujours été très juste, et compatissante à sa façon. Assez récemment, une personne m’a dit – et c’est une personne que je connaissais pas – "J’aime vraiment Cristina. Elle est vraiment compatissante". Et j’ai pensé, "Merci ! Merci de me dire ça, parce que c’est tout à fait vrai ! Elle est compatissante à sa façon parce qu’il s’agit d’équité." C’est ce que j’ai essayé de construire durant les huit dernières années. Cristina est une personne inamicale, motivée et sèche mais elle est capable de compassion.

    Partagez-vous avec elle la même ténacité professionnelle ?
    La ténacité est probablement le point commun le plus évident qui existe entre Cristina et moi. et aussi la conscience de son destin. Il ne s’agit pas seulement de surmonter les évènements de la vie mais de trouver une perspective différente ou plus claire de son objectif, ce qui à son tour rend cette ténacité possible. Pour moi, ce n’était pas un "choix", plus une conscience de mon destin. Oui, il y a eu des obstacles, que ce soit les espoirs de mes parents quant à la voie qu’ils voulaient que je prenne, ou les obstacles venant des gens du milieu qui disaient que j’étais différente. Le problème, ce ne sont pas les obstacles en eux-mêmes mais le sens de mon destin qui m’a permis de continuer. C’est la même ténacité que celle de Cristina. Peu importe ce qui se passe, elle est determinée et elle sait ce que ça implique d’être un chirurgien cardiothoracique. Rien ne peut l’empêcher d’en être un.

    Après la pause, ce n’est pas dur de redevenir Cristina ?
    Oui. Mais il ne s’agit pas tellement de Cristina. C’est juste de revenir travailler. Une partie de moi veut dire, non, c’est facile, c’est une mémoire musculaire. Par exemple, dans Arli$$, tout ce que j’avais à faire, c’était d’enfiler des chaussures à talons hauts et alors la réalité physique revenait. La comédie était là parce que cela avait beaucoup à voir avec la réalité physique.

    Vous avez mentionné l’intelligence émotionnelle. Quel personnage de Grey’s a, selon vous, le plus grand quotient émotionnel ?
    Bailey ou Meredith. Meredith ? Je dirais Meredith. Cristina aurait une faible note pour ça. Meredith. Meredith la première, Bailey en second.

    Certains acteurs développent les personnages à partir de l’extérieur et d’autres de l’intérieur. De quelle façon créez-vous vos personnages ?
    Probablement de l’intérieur. Mais vous devez être capable de faire les deux. Par exemple, je dois prétendre être un médecin et là, il ne s’agit que d’extérieur. Il s’agit surtout de pouvoir inciser, de manier l’équipement chirurgical, des choses comme ça. Mon expérience en tant que danseuse m’a vraiment aidée pour l’extérieur, parce qu’on apprend à se connecter au personnage par le corporel.

    La célébrité ressemble-t-elle à ce que vous pensiez ?
    Non. Je peux vous dire quelque chose ? Honnêtement, c’est probablement un des évènements les plus traumatisants de ma vie. Et en fin de compte, je pense que cela nuit au fait d’être un artiste. Il faut beaucoup se battre. Si vous voulez être célèbre, génial ! Mais si vous voulez continuer à être un artiste, je pense que la célébrité est un obstacle.

    Pourquoi ?
    Cela compromet votre capacité à être authentique. La célébrité nuit au vrai talent artistique parce que celui-ci nait de l’intimité avec l’âme, quand celle-ci se sent en sécurité dans son environnement pour être libre, pour être authentique. La célébrité est un lourd, lourd manteau. Dans mon cas, j’ai dû me battre énormément contre ce sentiment de "menace". Il y a eu une période où les gens étaient assis devant ma maison. Comment gérer ce sentiment de menace qui peut se mettre partout ? Il peut se mettre dans votre relation amoureuse, dans la façon dont vous vous voyez, et cela peut vous amener à avoir un mauvais comportement parce que vous commencez à perdre le contrôle sur votre intimité. Cependant, personne ne pointe une arme sur vous. Il n’y a personne qui vous "menace" en fait. Donc en même temps, vous avez l’impression que vos sentiments sont injustifiés. J’ai souvent pensé à tout cela et je ne sais pas du tout comment les gens qui sont vraiment célèbres peuvent vivre et aller et venir, parce que justement ils ne peuvent pas le faire. Je pense que les gens – principalement les jeunes – ne peuvent peut-être pas comprendre les conséquences de la célébrité, de ne pas être libre. Vous devez gérer votre relation avec la célébrité afin de pouvoir continuer à travailler et toujours rester dans l’esprit du public. Beaucoup de gens n’y arrivent pas et arrêtent.

    De quelle façon la génération du smartphone a changé la nature de la célébrité ?
    L’exposition a beaucoup augmenté. Lorsqu’une personne prend une photo de vous alors que vous ne le voulez pas, il nie le fait que vous "avez le choix". Parce que vous avez atteint un certain statut, vous n’avez pas le droit de protéger votre vie privée, de ne pas être suivi, d’avoir une énorme dispute avec votre épouse en public sans que cela soit révélé.

    La célébrité vous est arrivée de façon naturelle. Vous ne la recherchiez pas, pourtant vous devez la gérer maintenant.
    Cela me rend furieuse que d’une certain façon, “acteur" soit devenu le synonyme de "célébrité". Je suis un artisan. Je suis une artiste. Et quelque part, mon tout est amoindri à cause de la célébrité.

    Quel est votre point de vue sur les rôles disponibles pour les femmes aujourd’hui ?
    Pour nous, les femmes, la télévision est le média le plus puissant. Il y a plus de place à la télévision pour les femmes et plus de possibilités pour ceux qui sont intéressés par le fait de raconter des histoires sur les femmes. Notre série, c’est une série de femmes. La série de Kiera Sedgewick, The Closer, est une série sur une femme. Nurse Jackie est centré sur Edie Falco, Weeds sur Mary Louise-Parker, United States of Tara sur Toni Collette. Des séries sur des femmes flics ou sur l’amitié entre des femmes. Il y a plus d’opportunités pour les femmes à la télévision. je pense que c’est quelque chose que nous avons besoin de continuer à développer. Et aussi, pour moi qui ne suis pas blanche, la télévision a été meilleure pour moi que le cinéma.

    Vous avez raconté par le passé comment vous vous êtes dirigée vers les arts alors que vos parents espéraient pour vous une carrière scientifique ou médicale. Quel est votre conseil aux parents dont les enfants leur disent, merci pour l’éducation mais je veux vraiment être un artiste ?
    Bonne chance (rires). Je leur dirais de questionner leurs enfants sur la raison pour laquelle ils veulent être artiste. J’ai le sentiment, basé sur beaucoup de choses qui se passent dans cette société et la culture pop, que le désir d’être célèbre pousse beaucoup de gosses soit dans la chanson soit à vouloir faire des films. C’est amusant et c’est très bien. Les gens débarquent dans ce métier pour toutes sortes de raisons. Mais c’est tellement dur d’être un artiste. J’ai toujours dit aux gens, “Vous allez être malheureux. Demandez-vous si vous allez être malheureux parce que vous faites ce métier ou plus malheureux encore de ne pas le faire." Il faut essayer de voir ce qui pousse votre enfant à tout laisser derrière lui pour se lancer dans l’art. Si sa motivation est réelle, il n’y a rien que vous puissiez faire pour l’arrêter. Mes parents n’auraient rien pu faire pour m’arrêter. Alors ne les empêchez pas de le faire, demandez leur juste pourquoi. Si la réponse est être célèbre, alors ils pourraient perdre leur jeunesse, leur beauté… et courir après un grand fantôme vide de sens pendant très longtemps. Source


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    Eseline
    Jeudi 13 Septembre 2012 à 17:12

    Sandra Oh est vraiment une prsonne intéressante.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :