Station et 19 et Grey’s Anatomy ont mis fin à la première partie de la saison avec un crossover qui a revisité le sujet du trafic d’êtres humains. Dans deux interviews, Krista Vernoff et Felicia Pride, la scénariste de l’épisode de Grey’s, ont évoqué ce sujet, ainsi que le sort de Meredith, la santé mentale de DeLuca et la future carrière de Jo.

Vous avez choisi de suivre la pandémie dès le début, c'est pourquoi Grey's Anatomy fait actuellement la chronique de la première vague d'infections au printemps, il y a environ 7 mois. Dans l'épisode de ce soir, le Grey Sloan Memorial a atteint sa capacité d’accueil d’urgence alors que le pays est aux prises avec une nouvelle vague massive et que les unités de soins intensifs à travers les États-Unis atteignent leur capacité. Quel effet cela vous fait de tomber aussi bien à point nommé ?
VERNOFF: Je ne peux que parler en mon nom et dire que je trouve ça profondément troublant. Nous racontons des histoires sur les hôpitaux qui ont atteint leur capacité parce que, à ce stade, les storylines sont situées durant le mois de mai de cette année. Donc, le fait que les histoires que nous avons racontées en mai de cette année tombent maintenant incroyablement à point nommé par rapport à la montée en puissance actuelle du virus me brise le cœur. Felicia ?
PRIDE: Je suis d'accord. Et je me souviens, Krista, que vous nous avez vraiment encouragés, nous les scénaristes, à continuer à montrer la pression et la tension que subissaient les hôpitaux, c'est pourquoi nous avons pensé à ça comme scénario pour continuer à le montrer.

A cette époque, fin mai et juin, la pandémie a coïncidé avec les manifestations de Live Black Matters suite à la mort de George Floyd. Ce crossover aborde l'égalité raciale et le maintien de l'ordre. Comment cette histoire est-elle née, et les monologues émouvants prononcés dans Station 19 et dans Grey's Anatomy, par Maggie, reflètent-ils une expérience personnelle ?
PRIDE: Une des choses que nous voulions vraiment montrer, en plus de l'horreur du trafic sexuel qui continue d'exister, c’est le fait que les filles noires peuvent être plus vulnérables concernant le trafic sexuel, et ce que sont les forces et les raisons derrière ce trafic. Donc, avec ce charmant monologue de Maggie, nous avons essayé de faire le lien entre les nombreuses raisons pour lesquelles les filles noires peuvent être plus vulnérables, de l'hypersexualisation dans les médias à la violence physique, en passant par toutes ces choses. Nous avons simplement essayé de montrer à la fois l'horrible problème du trafic des femmes, mais aussi ce qui nous a menés là et quelle est la pratique qui a conduit à ça. Nous avons également voulu mettre en lumière l'invisibilité des jeunes filles noires et nous voulions que ces jeunes filles et les femmes noires soient vues.
VERNOFF: J'ajouterai qu'un grand nombre de nos conversations, lorsque les scénaristes se sont réunis, ont été influencées par ce qui se passait dans le pays à ce moment-là, et c’est ce que vous avez vu dans cet épisode. Il était très, très, très important pour nous tous de raconter ces histoires cette saison et d'être authentique par rapport à l'expérience vécue par les scénaristes et aussi par les acteurs. Il était temps de parler de ces choses d'une manière plus directe que ce que nous avions fait jusqu'alors dans la série.

Concernant Grey’s, y a-t-il de la lumière au bout du tunnel ? Nous sortons de deux épisodes consécutifs très lourds. Les choses vont-elles bientôt devenir un peu plus optimistes ?
VERNOFF: Ces épisodes ont été très lourds et nous avons aussi des épisodes assez intenses qui vont arriver au début de l'année. Nous avons commencé notre saison en avril 2020, et nous sommes aussi honnêtes et authentiques que possible. Et cela signifie que nous devons trouver notre espoir, notre joie, nos bons côtés, notre humour, notre côté sexy et notre romantisme dans les paramètres que 2020 nous a offerts. Voilà donc ma réponse. Je suis pleine d'espoir chaque jour. Quand vous demandez s'il y a des prochains épisodes avec de l’espoir, je veux simplement dire que chaque jour de 2020, je suis pleine d'espoir. J'ai bon espoir pour un vaccin. J'ai bon espoir que les gens commenceront à prendre la pandémie au sérieux. J'ai bon espoir qu'ils commenceront à porter des masques. J'espère que nous pourrons dépolitiser cette situation et que des professionnels de la santé. J'ai vraiment bon espoir pour tout ça. Et l'une des façons dont Grey's Anatomy et Station 19 nous aident à y parvenir, c’est de vivre à l'intérieur de la pandémie plutôt que de sauter dans un monde post-pandémie idéalisé. Cette année, j'ai donc une autre vision de l'espoir.

En parlant d'espoir, qu'en est-il de Jo et de sa tentative de trouver de la joie en changeant de carrière. Est-ce bien réel ? Va-t-elle bientôt mettre des bébés au monde ?
PRIDE: L'histoire de Jo dans cet épisode reflète, je pense, le fait que beaucoup d'entre nous trouvent des bases, des raisons et des choses qui nous apporteront de la joie dans ces moments-là. Et pour en venir à votre point de vue et à celui de Krista, à savoir trouver de la joie, je pense que c'est ce que beaucoup de nos personnages essaient de faire. Une de mes scènes préférées est celle où Winston vient rendre visite à Maggie. Et ce genre de joie, c'est plein d’émotion, mais c'est joyeux tout simplement. C'est ce que nous essayons de faire, trouver des moments de joie avec nos personnages.

Parlons de DeLuca et du cliffhanger. Quelques minutes après que Bailey l'ait félicité d'avoir si bien pris soin de sa santé mentale, nous le voyons courir après Opal qu'il soupçonne de se livrer à la traite des êtres humains. Est-ce un choc qui va le faire redescendre en flèche ?
VERNOFF: Je pense que sa santé mentale est bien meilleure. Il prend ses médicaments avec précaution et je crois que ce qu'il a dit à sa sœur est vrai, quand il lui a dit, j'ai raison. En raison de sa santé et de son état mental, les gens ne l'ont pas cru quand il a reconnu l'Opal. Et maintenant, il avait besoin que sa sœur le croie et elle l'a fait. Et donc, ils suivent Opal non pas dans une phase maniaque, mais depuis une phase de bravoure et de vérité.

Andrew et Carina sont-ils en danger ?
VERNOFF: Je ne sais pas. Vous allez devoir regarder l’année prochaine.

Et Meredith ? Au début de la pandémie, plus de 80 % des patients atteints de COVID mis sous respirateur sont morts, ce qui n'est pas de bon augure pour elle. Que pouvez-vous nous dire sur la suite des événements pour Meredith, à part que nous verrons probablement d'autres séquences de rêve sur la plage pendant qu'elle est intubée ?
VERNOFF: Je dirai qu'historiquement, Meredith a défié les statistiques. Elle bénéficie de soins médicaux de haut niveau et d'une équipe entière de personnes qui font tout ce qu'elles peuvent pour la sauver et elle a encore un long chemin à parcourir.

Y a-t-il d’autres anciens personnages de Grey’s que vous avez recrutés pour les séquences de rêve ?
VERNOFF: La réponse honnête à cette question est non. J'espère que j'aurai bientôt une réponse différente à cette question.

Allons-nous revoir Denise et Jada, les filles qui ont été sauvées ?
VERNOFF: Je pense que nous pourrions les revoir un jour. Mais je ne pense pas que nous les verrons dans le prochain épisode, n'est-ce pas ?
PRIDE: Exact.
VERNOFF: Nous ne les revoyons pas tout de suite, mais il est possible que nous les revoyions plus tard. Ells ont été merveilleuses.

Felicia, vous avez mentionné les retrouvailles de Winston et Maggie. Quelles autres scènes aimeriez-vous mettre en avant ?
PRIDE: Certaines de mes scènes préférées, qui ont été suggérées par Krista, sont celles entre Meredith et Koracick. Voir ces deux-là, en quelque sorte, des médecins qui souffrent tous les deux de cette horrible, horrible maladie, être encore capables de trouver des moments d'humanité l'un pour l'autre. Et j'aime les scènes de Bailey-DeLuca, que vous avez mentionnées, DeLuca aidant en quelque sorte Bailey qui vient de perdre sa mère en parlant de sa propre mère, de sa douleur et de la façon dont il l'a surmontée. Et je rends également hommage aux nombreux patients atteints de COVID qu'il a vus aux soins intensifs et à la façon dont nous essayons simplement de tirer le meilleur parti de cette situation en honorant nos proches.
VERNOFF: Avec Grey's Anatomy et Station 19, j'ai trouvé que ces épisodes étaient vraiment puissants, magnifiquement écrits et magnifiquement réalisés. Et je suis personnellement très touchée par l'impact que Grey's a grâce au travail que les scénaristes, les réalisateurs, les monteurs et notre équipe font dans des circonstances extrêmement difficiles. C'est une période effrayante et difficile pour travailler et tout le monde vient travailler en prenant soin d’eux et des autres avec des masques et des visières, avec la distanciation sociale et en se lavant les mains et nous faisons cette série qui est importante en ce moment. Et j'ai vraiment envie de féliciter l'équipe.

Quand arrêtez-vous la production ? Cette semaine ?
VERNOFF: Nous allons arrêter la production vendredi et nous avons quelques semaines de congé pour les vacances de Noël. La série ne sera pas de retour avant mars, je crois. Mais c'est parce que nous avons un nombre réduit d'épisodes cette année, à cause du retard avec lequel nous sommes revenus à la production. source

La storyline du trafic sexuel était l'une de celles que vous vouliez reprendre après que la saison 16 ait été écourtée, n'est-ce pas ?
Vernoff: Oui, nous étions en train de tourner un épisode qui se concentrait sur l'histoire du trafic sexuel quand nous avons arrêté la série, mais nous avons fini par utiliser beaucoup de ces scènes dans le premier épisode de cette saison. C'est donc une nouvelle suite. C'est une nouvelle idée et une nouvelle façon de faire avancer cette histoire.

Pourquoi était-ce important d'intégrer une histoire de trafic sexuel ?
Vernoff: J'ai eu le sentiment que c'était une histoire inachevée pour DeLuca. Pour moi, l'histoire commence toujours à partir du personnage. On ne part pas d'un sujet politique brûlant ou d'un problème social qu’on veut mettre en lumière. Les questions sociales ont tendance à évoluer à partir du personnage. Ainsi, le projet de storyline sur le trafic sexuel est l'une des idées qui nous a enthousiasmés au début de la saison, et le fait de ne pas laisser le sujet se terminer alors qu’on pensait qu'il était terminé la saison dernière.
PRIDE: Cela nous a également donné l'occasion de mettre en lumière le nombre de jeunes filles noires qui sont victimes de la traite d’être humains, ainsi que les raisons pour lesquelles les jeunes filles noires sont plus vulnérables dans ce domaine. On a pu approfondir cet aspect de la question.

Il y avait une réplique importante dans Station 19 qui énumère les statistiques : 70 000 filles noires sont disparues dans le pays, 40% de toutes les victimes de la traite des êtres humains à des fins sexuelles sont des filles noires et 50% des filles noires sont victimes d'un type d'exploitation sexuelle avant l'âge de 18 ans. Et plus tard, dans Grey's Anatomy, Maggie parle à Amelia de la vulnérabilité importantes des communautés noires et métis face à la pandémie. Pourquoi était-ce important d'intégrer ces dialogue en particulier
? Vernoff: Le mérite en revient à Felicia parce que j'avais un point de vue légèrement différent sur cette scène et sur cette histoire, et Felicia a défendu le point de vue que vous avez fini par voir à l'écran, qui était tellement plus puissant et tellement important.
Pride: C'est une opinion nuancée. Maggie ressent l'horreur de ces filles noires et des mères qui vivent cette situation, et elle sait aussi, cependant, qu'il y a tellement de choses qui mènent à ce phénomène et qui sont ignorées et la façon dont les filles noires en général peuvent sembler invisibles et être mises au rebut. Elle est frustrée par le fait que ces choses ont tendance à être ignorées, et elle veut la même indignation pour le véritable trafic sexuel que pour les choses qui l’induisent. Nous avons donc voulu vraiment nous plonger dans cette histoire et amener le public à comprendre les nombreuses raisons pour lesquelles les filles noires peuvent être plus vulnérables par rapport au trafic d’êtres humains, en premier lieu, afin qu’on puisse commencer la prévention.

Le reste de la saison 17 de Grey's Anatomy se déroule-t-il dans le monde COVID-19 ?
Vernoff: Oui, parce qu’on ne fait pas de grand saut dans le temps. Et on ne sait pas à quoi ressemblera le monde après COVID. On ne sait pas quels médicaments et quels protocoles hospitaliers seront utilisés dans un monde post-pandémie. C'est le monde dans lequel nous vivons.

Avez-vous prévu d'intégrer le vaccin dans l'histoire ?
Vernoff: Pas pour l'instant, mais on va voir ce qui va se passer. Je pense qu'il faudra beaucoup de temps pour que nous ayons tous ce vaccin, et que les masques et la distanciation sociale disparaissent. Cela va prendre plus de temps que ce que les gens espèrent.

Puisque Grey's Anatomy se situe dans ce monde COVID-19, avez-vous dû réécrire beaucoup les histoires pour refléter le monde réel, étant donné que la pandémie n'a pas du tout ralenti aux États-Unis ?
Vernoff: Peut-être parce qu’on a beaucoup de médecins et d'épidémiologistes parmi les scénaristes, je pense qu'aucun d'entre nous n’a imaginé que la pandémie serait terminée maintenant.
Pride: Non. Les histoires que nous avons entendues de la part des médecins étaient horribles et semblaient devoir durer longtemps.

Que pouvez-vous dire de Meredith ? Va-t-elle se réveiller à nouveau ?
Pride : Elle a encore une longue route devant elle. On essaie vraiment de raconter des choses exactes sur les gens qui ont le COVID et le fait que, dans la période abordée par la série, il y a encore beaucoup d'inconnues. Il y a encore tellement de choses que les médecins sont en train de découvrir. Mais le Dr Grey a définitivement défié les probabilités de bien des façons, donc je pense que ce sera un mélange des deux. source