• Ellen Pompeo

    Ellen Pompeo s’est confiée à l’acteur Dax Shepard dans un podcast au cours duquel elle a évoqué son enfance à Boston, la perte de sa mère, ses débuts de carrière, Grey’s Anatomy, les départs de Sandra Oh et Patrick Dempsey et son nouveau statut dans la série.

    Pour commencer, elle évoque brièvement ses racines italiennes et irlandaises, son milieu ouvrier (son père fournissait les magasins de cigarettes) et le fait qu’elle a grandi dans une banlieue où la criminalité était importante. Elle révèle aussi qu’elle est en train de développer une série qui se passe à dans sa ville natale, mis pour une fois évoquée du point de vue d’une femme.

    Dax Shepard l’interroge sur l’article de The Hollywood Reporter concernant la négociation qu’elle a menée pour obtenir une augmentation de salaire après le départ de Patrick Dempsey. Elle explique qu’elle a renégocié plusieurs fois son salaire dans Grey’s, ce qui lui a permis d’acquérir de l’expérience en la matière. "Vous savez, nous n'avons pas voulu que l'article soit ce qu'il était, alors c'était intéressant. Maintenant, cela fait plusieurs fois que j'ai négocié dans Grey's évidemment. Comme je le dis dans l'article, le seul pouvoir réel qu’on ait, c'est si on est vraiment prêt à partir. Vous devez arriver au stade où vous devez faire quelque chose plusieurs fois avant d’apprendre quelque chose. Vous devez le faire vous-même avant d’en tirer vraiment des leçons. J’étais tellement abattue et je pensais qu’ils pouvaient faire la série sans moi. C’est ce que le départ de Patrick Dempsey a représenté pour moi. Je me suis dit, oh, j’ai une fenêtre de tir ici, maintenant comment vont-ils me dire qu’ils n’ont pas besoin de moi." Elle estime très probable que ABC ait joué le même jeu avec Patrick Dempsey. Quand il a quitté la série, elle a pensé : "Vous ne l’avez plus, donc vous ne pourrez pas l’utiliser contre moi."

    Ce qui l’a aidée dans ses négociations, c’est qu’elle a eu connaissance des bénéfices que la chaine de télévision a faits grâce à la série, et donc grâce à elle. Toutes les femmes qui demandent des augmentations de salaire ne sont pas dans le même cas. Elle regrette d’ailleurs un peu la façon dont elle s’est exprimée dans l’article de THR, car cela a donné une fausse impression aux femmes. Il ne suffit pas de demander pour obtenir ce qu’on pense mériter. Il faut pouvoir illustrer la qualité de son travail par des chiffres. Actuellement, la série génère 5 milliards de dollars. Ellen précise aussi qu’elle n’est pas la créatrice de la série et qu’il y a un cast d’ensemble. Il n’y a pas qu’elle, il y a eu beaucoup d’acteurs très talentueux. Selon elle, ce qui fait la vraie valeur d’une série, ce sont l’argent et la popularité auprès du public, pas les récompenses comme les Emmy. Souvent, les studios font miroiter ce genre de choses aux acteurs, qui ont généralement un ego très important. Ellen fait remarquer que de nombreuses séries qui ont été récompensées par des Emmy ont été annulées après quelques saisons.

    Elle rappelle ensuite qu’à cause de son âge, elle a fait le choix de l’argent plutôt que la création. Elle a choisi la stabilité. Le métier d’acteur est fait de hauts et de bas. Quand on est jeune et qu’on a du succès, on est fort sollicité mais l’arrivée d’un nouveau phénomène vous plonge rapidement dans l’oubli. Elle estime que sur le long terme, c’est plus sain de ne pas se laisser attirer par des chimères et de viser la sécurité.

    Ils évoquent ensuite les différences de salaire entre hommes et femmes dans le milieu du divertissement. Ellen souligne que la situation est pire pour les actrices afro-américaines et latines. Pour en revenir à elle, quand elle renégocié pour la première fois son contrat dans Grey’s – après la saison 6 – elle avait 39 ans et elle venait d’avoir son premier enfant. "J'étais terrifiée. Je suis super cataloguée dans un certain type de rôle avec cette série. Je trouvais qu’elle montrait un monstre. J'ai 39 ans, je ne travaillerai plus jamais, je ferais mieux de rester dans cette série." Grey’s lui a permis de développer ses activités, elle est actrice, productrice et femme d’affaires, ce dont elle est très fière.

    Le succès de la série et le statut que cela lui a conféré lui permettent d’avoir une vie privée. Elle a des horaires fixes, elle ne passe plus ses journées sur le plateau, elle peut diner tous les jours avec ses enfants, qui sont très importants pour elle. Elle ne veut plus tourner tard le soir et ne parler à ses enfants que via Facetime. Elle ne veut pas qu’ils vivent ce genre de choses. Elle a grandi sans mère et elle ne veut pas que ses enfants vivent la même chose. Mais elle sait que faire le choix de rester aussi longtemps dans une série n’est pas donné à tout le monde. "Il y a un autre élément à prendre en compte pour rester longtemps dans un rôle. Tout le monde ne peut pas le faire. On doit faire en sorte de ne pas devenir ennuyeux. Tout le monde ne supporte pas de rester des années dans le même environnement, avec la répétition et le manque de nouveauté. Ça ne veut pas dire que ce ne sont pas de bonnes personnes."

    Elle revient ensuite sur le début de sa carrière, fait de brèves apparitions dans des films, dont plusieurs ont même été coupées au montage. Quand son agent lui a proposé le pilote de Grey’s, elle a été très réticente parce qu’elle déteste les séries médicales. Son agent l’a convaincue en lui assurant que le pilote n’aurait jamais de suite.

    Concernant la façon dont elle a réagi au départ de ses partenaires de scène dans la série : “Pour être honnête, quand Sandra Oh a quitté la série, je me suis dit, ‘Pouah ! Comment je vais continuer sans Sandra ? Parce que, aussi épatant que Patrick soit, il n’était vraiment pas autant que ça dans la série. Bien entendu, son impact est énorme et son personnage est emblématique mais concernant mes scènes habituelles, c’était plus avec Sandra et elle était une partenaire de scène fantastique. Et donc je me suis demandé s’il y avait encore une série sans Sandra. J’ai également dû considérer mes options. Le fait que je sois étiquetée est vraiment réel. Quand j’étais jeune, je trouvais que le métier d’acteur n’était pas noble, je n’étais pas fière de faire ça. Sandra est un autre genre d’actrice. Vous ne doutez jamais que Sandra Oh va travailler à nouveau, n'est-ce pas ? Elle travaillera toujours, n'est-ce pas ? Mais pour moi, j'ai dû réfléchir : est-ce que je vais encore travailler ? Ou bien est-ce que je vais être cataloguée ? Quand Patrick est parti, ça a été différent. Quand il est parti, j’ai eu quelque chose à prouver. Il est parti à la fin de la saison 11 et moi, je renégociais pour la saison 12, donc j’aurais pu partir aussi, puisque l’homme partait, ce qui n’était pas l’histoire que je voulais raconter. Dans le genre, il n’est plus là, alors je dois partir. Alors, l’histoire est devenue, que puis-je faire sans l’homme ? Parce qu’ils m’avaient mis en tête depuis tellement longtemps, que je n’étais pas bonne sans lui. J’ai dû réécrire la fin de cette histoire et dire, eh bien, ‘Qui a raison ? Est-ce que je suis assez bonne sans lui en fait ?‘. Je me devais de reprendre ce scénario, de réécrire cette histoire et de me prouver à moi-même qu’ils avaient tort concernant toutes ces choses qu’ils m’avaient mises en tête durant toutes ces années. Et aussi, quand je dis que j’ai voulu réécrire la fin de l’histoire, et j’en ai déjà parlé avant, je pense à l’ambiance toxique qui, et ça a été révélé sur la place publique, régnait en coulisses, comme sur tous les plateaux de tournage. Ça n’est la faute de personne, ce n’est jamais la faute d’une seule personne. Il y a de nombreux facteurs qui contribuent à cette mauvaise ambiance. Ce n’est jamais à cause d’une seule ou même de deux personnes. C’est comme un virus qui se diffuse. Donc quand Patrick est parti, je me suis dit, ok je vais rester et je vais leur prouver qu’ils ont besoin de moi et aussi changer l’histoire de l’expérience de la série. Je voulais voir si on pouvait inverser la culture et faire du plateau un endroit heureux, parce qu'il ne l'avait jamais vraiment été. Il y avait eu beaucoup de mauvais comportements, et des propos incorrects. Ça a été un autre défi pour moi. Je me suis dit, c’est une autre opportunité de gagner beaucoup d’argent parce que le studio a besoin de moi. Que puis-je faire d’autre ? Que puis-je faire d’autre pour moi ?"

    Toutefois, elle reconnait que son ego lui dit parfois qu’elle ne veut pas être la dernière à quitter la série. “Bien sûr. Tout le temps. Shonda et moi avons parlé de ça très souvent. Je ne veux pas être le raisin qui meurt sur la vigne. Se voir passer de 33 ans à 50 ans à l'écran, ce n'est pas très amusant. Vous voyez vraiment la différence parce que vous portez les mêmes vêtements, vous jouez le même personnage. Donc me voir vieillir... ça fait chier. En même temps, je pense que le but principal de ma vie est de ne jamais laisser libre cours à mon ego. Je ne veux pas me mentir à moi-même. Je ne mens pas sur mon âge. Je n’injecte rien dans mon visage. Je ne veux pas me mentir. Je ne me fais pas de faveurs. Mais il est certain qu'à ce stade, me retirer le plus tôt possible et partir alors que la série est encore au top, c’est un objectif, bien entendu. Je n'essaie pas de rester dans la série pour toujours. Je ne veux pas y rester éternellement. Si je m'énerve trop et que je ne suis plus reconnaissante, je ne devrais plus y être."

    L’actrice est ensuite revenue sur le décès de sa mère, Kathleen, en 1974, à la suite d’une overdose d’antidouleurs. Elle avait 39 ans et Ellen, seulement 4 ans. "Elle a été impliquée dans un accident de voiture. Un conducteur ivre a heurté la voiture dans laquelle elle roulait, la jetant 27 mètres en l'air et lui cassant à peu près tous les os de son corps. Elle revenait de l’église pour voir mon père. Après l’accident, elle est restée hospitalisée pendant presque une année. A l’hôpital, ils l’ont mise sous morphine. Et donc, elle est devenue dépendante. Et j'ai vu ça. Je pense que quand elle est sortie, elle a eu des douleurs chroniques au dos. Elle avait trois hernies discales et le système hospitalier lui a permis de gérer la douleur. Et je pense que l'overdose était accidentelle." Ellen Pompeo admet qu’elle en a voulu longtemps à sa mère d’être morte de cette façon. "Quand j’étais adolescente, et surtout parce que j’étais dans une famille italo-irlandaise où on ne parle pas de ces choses-là, j’ai grandi en n’entendant jamais parler de ma mère, on ne prononçait même pas son prénom. Seulement si je posais des questions. Parce que ça a été très douloureux pour tous ceux qui la connaissaient. Mes frères et sœurs étaient déjà des adolescents et ça a été très dur pour eux. Donc, quand j’étais ado, j'étais très en colère contre elle parce qu'elle était partie. Ne comprenant pas la dépendance, la douleur, ne comprenant rien de tout ça, étant simplement ignorante. Juste de la colère. Et puis, une fois qu’on vieillit et qu’on comprend... il n'y avait en fait aucune aide pour l'addiction parce que personne ne parlait de ça à l’époque. Donc ma mère n'a probablement eu aucune aide. Puis, ce qu’on ressent se transforme en compassion et on se sent vraiment mal qu’elle n’ait eu nulle part où aller pour obtenir de l'aide alors qu'elle avait cinq enfants et qu'elle ne pouvait probablement pas s'en occuper tout le temps. Ensuite, on ressent de la compassion et de la tristesse, puis il y a eu toutes les étapes que j'ai franchies, comme quand j'ai eu quarante ou trente-neuf ans, l'âge qu'elle avait quand elle est décédée, je crois. Ensuite, vous avez 41 ans, et vous vous dites que vous vivez plus longtemps qu’elle. Autre chose qui intéresserait sûrement les psychiatres, c'est comme si je pensais que je vais mourir quand mes enfants auront quatre ans. Bien sûr, je suis un peu obsédée par la mort, j'y pense tout le temps. Je pense à ma propre mort tout le temps. Je pense toujours que je vais mourir. Je pense toujours que quelque chose de mauvais va arriver. Je travaille là-dessus.” Elle est persuadée que ces sombres pensées viennent du fait qu’elle n’a pas eu de mère, qu’elle ne veut pas que ses enfants vivent la même chose qu’elle mais aussi de sa peur de mourir. Et le fait que la toute première chose dont elle se souvienne, c’est d‘avoir vu le cadavre de sa mère.  

    Elle évoque ensuite son père qu’elle décrit comme un homme assez rustre. Il a toujours vécu avec ses parents, même après son mariage et la naissance de ses enfants. C’était un homme qui n’était pas capable de vivre seul et donc, neuf mois après la disparition de sa femme, il s’est remarié. C’était sans doute pour lui la seule façon de faire face au drame qu’il avait vécu et auquel il ne s’attendait pas. Il a probablement considéré aussi que ses enfants avaient besoin d’une mère de substitution. Mais ça a été dévastateur pour eux.

    Par la suite, Ellen est devenue barmaid dans un bar à cocktail. Encouragée par des ami gay qui étaient partis pour Miami, une ville qu’ils décrivaient comme fantastique, elle a quitté Boston pour les rejoindre. Mais elle n’a pas aimé Miami et comme elle n’arrivait pas à trouver du travail, elle est rentrée à Boston. Six mois plus tard, ses amis l’ont informée qu’ils lui avaient trouvé un travail de serveuse. Elle a accepté la proposition parce qu’elle était impliquée dans des affaires louches et qu’elle sentait que si elle restait à Boston, elle allait mourir ou finir en prison. Elle est restée trois ans à Miami où elle a été repérée par un agent de mannequin. Même si ce métier ne l’intéressait pas vraiment, elle a accepté quelques petits contrats à New York, où elle a fini par s’établir avec l’ambition de secrète de devenir actrice. Elle a continué un peu le mannequinat puis a repris un job de serveuse tout en courant les castings durant la journée.

    Elle a su très jeune qu’elle ne passerait pas sa vie à Boston. Dans son environnement, il n’y avait que des dealers de drogue et des criminels. Elle pressentait qu’il y avait d’autres choses dans la vie. Elle voulait quitter son milieu et elle a très vite compris que le seul moyen d’échapper à sa condition, c’était d’avoir de l’argent

    Elle confie ensuite qu’elle n’a pas beaucoup d’amitiés féminines. Pourtant, elle n’a le sentiment d’être en compétition avec les autres femmes, seulement avec elle-même. Elle apprécie les femmes mais elle a l’impression que l’inverse n’est pas vrai. Elle reconnait être plutôt autoritaire et s’adresser aux autres, notamment à ceux qui travaillent pour elle, de façon trop sèche et directive. Elle le fait parfois aussi avec son mari qui n’hésite pas à la remettre à sa place. Elle estime avoir beaucoup de chance qu’ils soient issus du même quartier. Toutefois, ils ne côtoyaient pas en étant jeunes, ils se connaissaient de vue seulement. Ce sont des amis communs qui les ont présentés l’un à l’autre. Mais Chris sait d’où elle vient, il comprend son comportement, même si ça l’agace parfois. Elle est consciente que, comme toutes les femmes qui gagnent beaucoup d’argent, elle doit faire attention de ne pas blesser la virilité de son mari


  • Commentaires

    1
    Kiki
    Mercredi 26 Août 2020 à 08:58

    A chaque fois qu'elle dit que Patrick n'était pas beaucoup dans la série, je me demande si on a regardé la même série. Pendant les 4 premières saisons, il était presque dans chaque scène, si ce n'était pas avec elle, c'était avec les autres personnages. Elle est vraiment de mauvaise foi et du coup, tout ce qu'elle dit n'a plus la même portée, en tout cas pour moi. C'est diffiicle de la croire pour le reste aussi

      • yfl
        Mercredi 26 Août 2020 à 10:40
        Dans ses dernières saisons, Derek était réellement moins présent que Meredith et Cristina donc au moment où Sandra Oh quittait la série, Ellen perdait vraiment sa partenaire principale. Ce n'est pas de la mauvaise foi.

        J'ai bien aimé que dans l'interview Ellen mette un peu plus les formes quand elle parle de PD. Elle a bien insisté sur le fait que c'était la chaîne qui les opposait entre eux.
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